NOTRE RETOUR SUR LA LUNE GRÂCE AU SLS ! - L'Actu Spatiale #33, du 27 Mars 2022

           






BONJOUR LES COSMONAUTES !



Voici le résumé de l'actualité spatiale des deux dernières semaines écoulées, tant relatifs aux vols qu'aux lancements ou bien aux récentes découvertes ! Sur ce, c'est parti !



Le SLS enfin dressé sur son pas de tir 

© NASA
Le sujet fait de plus en plus parler de lui dans le milieu des passionnés mais aussi chez le grand public en général ; le retour sur la Lune, dont nous rêvons depuis cinquante ans, se concrétise enfin ! Nous, terriens du 21è siècle qui vivons en 2022, avons la chance unique de voir se profiler sous nos yeux les préparatifs d'une épopée unique qui emmènera de nouveau l'humanité vers sa destination ultime, là où elle n'avait plus mis les pieds depuis 1972 et la mission Apollo 17... Le programme Artemis, mené sur le pied de guerre par la NASA, comprend dans son optique d'envoyer des hommes fouler le sol lunaire un élément de poids, indispensable à son bon fonctionnement : le Space Launch System, abrégé SLS pour les intimes, rentre dans la catégorie des super-lanceurs, et est sur bien des points similaire à la légendaire Saturn V.

Haute de 98 mètres (soit une centaine de mètres, car variant en fonction des sources/versions), cette fusée a pour principal objectif d'emmener une charge utile vers l'orbite terrestre puis vers la Lune, et donc de servir dans des missions vers celle-ci. Elle sera déclinée en plusieurs versions selon ses usages, le SLS qui fait l'objet d'une actualité prolifique étant qualifié de Block 1. Son design est littéralement conçu afin de donner une puissance optimale et une poussée inégalée par rapport aux autres lanceurs présents sur le marché ; seul le couple Starship/Super Heavy de SpaceX y est comparable selon ces critères-là. Cette fusée est composée en somme de deux boosters ou propulseurs d'appoint à propergol solide entourant le core stage, l'étage principal, structuré en réservoirs pouvant contenir plusieurs centaines de tonnes de carburant, en l'occurrence de l'oxygène et de l'hydrogène liquides ; à sa base se trouvent quatre moteurs RS-25, les mêmes, légèrement remaniés, que ceux dont disposait la navette spatiale. Au-dessus est situé le second étage, séparé du précédent par une partie intermédiaire servant d'adaptateur, notamment formé d'une partie à propulsion cryogénique adaptée au vide spatial : accompagnée de panneaux de protections, d'autres adapteurs ou encore d'une tour de sauvetage, nous retrouvons la capsule Orion : un vaisseau habité, de conception européenne, capable d'embarquer quatre astronautes à son bord.

Le SLS sortant du VAB © J. Raoux / AP
Cette description de la structure, bien que brève, s'avère nécessaire pour appréhender la complexité de la tâche qui incombe aux équipes du Kennedy Space Center en Floride. Il y a quelques temps, le SLS était abrité au sein du VAB (Vehicle Assembly Building), dans lequel s'était complété son assemblage (si vous avez lu la dernière Actu, vous savez également qu'il était enveloppé d'échafaudages qui furent retirés). La porte du bâtiment s'est enfin ouverte, laissant la place au lanceur qui l'a traversé le jeudi 18 mars. A 17h47 heure locale (22h47 heure française), la fusée, hissée sur un véhicule de transport nommé le crawler (supportant par ailleurs tout un support mobile, le ML-1), commença son lent trajet, long de 6,8 km, vers le pas de tir 39B. Splendide n'est certainement pas un mot assez évocateur pour évoquer sa magnificence ! Roulant à une vitesse de 1,3 km/h, doucement mais sûrement, elle avança sur sa route droite et asphaltée, bifurquant entre les lagons et les bosquets de végétation semi-tropicale. Après dix heures de ce spectacle incroyable, le SLS arriva tard dans la nuit à son point d'arrivée tard, à 4h15 heure locale (9h15 heure française), et y fut dressé. Il y restera à compter de ce jour deux semaines, le temps de subir des examens approfondis avant que ne se réalise le wet dress rehearsal (prévu le 3 avril) : une simulation complète du countdown, durant laquelle tous les systèmes du SLS seront vérifiés et ses réservoirs remplis notamment, après quoi le lanceur reviendra au VAB en attendant le jour J, le véritable lancement d'Artemis I. 

"Cela ne fait aucun doute que nous sommes dans un âge d'or de l'exploration spatiale, [...] et cela commence avec Artemis I" a déclaré Bill Nelson, administrateur de la NASA, lors de la sortie du SLS. "Artemis I démontrera la volonté et les capacités de la NASA à étendre la présence de l'homme sur la Lune et au delà".

© SpaceNews / J. Foust

Quand James Webb nous livre une fantastique image...

Le télescope spatial James Webb vient de franchir un nouveau milestone dans la préparation de sa mise en activité. Après son lancement depuis Kourou le 25 décembre dernier, le déploiement complet de ses miroirs début janvier, son insertion orbitale au point de Lagrange L2 (à 1,5 millions de kilomètres de la Terre) le 24 ainsi que sa première véritable photo en mosaïque prise il y a un mois, il vient d'accomplir les quatrième et cinquième étapes de son long processus de calibrage optique.

En effet, le miroir principal du télescope possédant un diamètre de 6,5 mètres, celui-ci avait été plié afin de pouvoir tenir dans la coiffe de son lanceur. Une fois qu'il fut complètement déployé, il ne pouvait cependant pas (et ne peut toujours pas à l'heure actuelle) encore effectuer d'observations. Pour que le dispositif entier soit prêt à l'utilisation, chacun des 18 panneaux hexagonaux en béryllium composant ce miroir ont fait l'objet d'un calibrage minutieux, de l'ordre du nanomètre, dans le but qu'ils soient tous alignés entre eux (ce que l'on appelle le fine phasing) ; cette opération visant à terme à ce que tous les éléments du télescope ne forment qu'une seule surface d'observation ne sera pas terminée avant mai, mais le plus dur a été fait, et avec succès selon la NASA. L'agence américaine a ainsi confirmé, ce mercredi 16 mars, que le JWST avait réalisé une seconde photo datant du 11 mars. L'objet au centre de l'image se nomme 2MASS J17554042+6551277 : il s'agit d'une étoile de classe moyenne se trouvant dans notre galaxie, qui a servi de cible afin d'évaluer l'alignement des miroirs. La photo (que l'on peut d'ailleurs comparer au Hubble Deep Field) se passe de commentaires, tant sa précision et sa netteté sont inégalées.

La fameuse image, produite à l'aide de NIRCam, a été réalisée avec
un filtre rouge afin d'augmenter le contraste des couleurs © NASA / STScl

De fait, elle valide voire surpasse tous les critères qu'on attendait d'elle ; aucune anomalie, de défaut de construction ni de contamination ont été trouvés par les équipes ; nous pouvons donc dire que cela représente, autant pour les passionnés de spatial que du point de vue des scientifiques à l'œuvre, une excellente nouvelle qui se révèle encore plus juteuse si l'on considère que cela n'est qu'une image de test ! "Nous avons entièrement aligné et concentré le télescope sur une étoile précise, et sa performance est bien au delà de nos attentes. Nous sommes excités de ce que cela signifie pour le domaine scientifique ; nous savons à présent que nous avons construit le bon télescope", se réjouit Ritva Keski-Kuha, responsable de l'optique du JWST à NASA Goddard. A noter également que le Near-Infrared Camera ou NIRCam, principal composant visuel du télescope capable d'observer dans les basses longueurs d'onde de l'infrarouge, a lui aussi été sujet aux manœuvres d'alignement. Le télescope ne sera cependant pas opérationnel avant cet été et d'autres manipulations devront encore être effectuées, parmi lesquelles l'ajustement de tous ses instruments ou bien la préparation des appareils de mesure.

Plus de 5000 exoplanètes recensées depuis trente ans 

La recherche de planètes en dehors de notre système solaire et orbitant autour d'étoiles étrangères au Soleil, ayant débuté dans les années 1990, représente de nos jours un champ d'étude à part entière, passionnant de par son originalité et la richesse des perspectives qu'elle apporte. Ainsi, depuis janvier 1992 et la détection de deux planètes voisines du pulsar PSR 1257+12, l'effectif de cette nouvelle catégorie d'astre n'a fait qu'augmenter exponentiellement, alors que de plus en plus de moyen furent mis en œuvre et que les techniques, notamment dans les domaines de l'optique et de l'instrumentation, évoluèrent dans ce sens. Le nombre d'exoplanètes a donc fortement grimpé, franchissant divers caps dans leur nombre à intervalles également plus courts. 

Nous venons justement d'en franchir un nouveau, représenté du point de vue de notre compréhension de l'Univers par "une aventure longue de 30 ans et riche en découvertes" ; en effet, la NASA et le JPL viennent d'annoncer le lundi 21 mars que plus de 5000 exoplanètes nous étaient à présent connues ! Le catalogue propre à l'agence et dédié au référencement de ceux-ci, la NASA Exoplanet Archive basée à Caltech, a été mis à jour avec une entrée de 65 nouvelles planètes. L'existence de chacune d'elles, avant d'être intégrées à cette base de données, ont du être confirmées via l'utilisation de deux méthodes d'observation différentes et les travaux les concernant publiés dans des revues spécialisées. Cela constitue de fait un record incroyable, permis comme nous l'avons dit plus tôt par trois décennies d'observations astronomiques.

Infographie représentant les classes d'exoplanètes © NASA / JPL-Caltech
La grande majorité d'entre eux seraient située dans un rayon d'à peine quelques milliers d'années-lumière, "la plupart se trouvant dans une bulle s'étendant aux abords de notre système solaire, là où il est plus simple de les trouver" précise Jessie Christiansen, directrice du département d'archives ; "si vous extrapolez cela de cette bulle présente autour de nous, cela signifie qu'il y a bien plus de planète dans la galaxie que ce que nous avons pour l'instant trouvé, aux alentours des 100 ou 200 milliards" ce qui renforcerait le fait que la galaxie en abriterait logiquement plusieurs milliards. Beaucoup de ces planètes appartiennent à diverses classes, telles que les super-Terres (des planètes telluriques, possiblement plus grandes que la nôtre), les Jupiters chauds (gazeuses, ce sont celles que l'on détecte le plus facilement) ou bien les mini-Neptunes (plus petites que celle que l'on connaît), auxquelles il faut rajouter ceux qui appartiennent à des systèmes binaires ou encore ceux autour d'étoiles mortes. Toutes ces nouvelles planètes, mises au jour par centaines annuellement, nous dévoilent leur présence grâce à différentes méthodes qui malgré leur long temps d'exécution se sont avérées très efficaces, mais de même pouvons-nous évoquer les instruments, certains d'entre eux affichant des succès dignes de leur nom : le télescope spatial Kepler, ayant cessé de fonctionner il y a près de trois ans, n'a découvert à lui seul pas moins de 2700 exoplanètes ! Nous vient aussi en tête TESS de la NASA, le mythique Hubble toujours fidèle à son poste, la mission européenne Gaïa qui a pointé plus de deux milliards d'étoiles, l'ELT basé au Chili ou encore le futur JWST lorsque celui-ci sera opérationnel.


Les Brèves Spatiales 

Pour finir cette Actu, quelques petites Brèves Spatiales qui méritent bien d'être mentionnées !



73001 se faisant extraire de son tube
© NASA / R. Markowitz
L'ISS a reçu, le vendredi 18 mars, un nouvel arrivant : le vaisseau Soyouz MS-21 s'est en effet amarré au module russe Prichal de la station, à 20h12 GMT+1, soient trois heures à peine après son lancement depuis Baïkonour. Peu après le docking, ses trois occupants sont rentrés dans l'ISS à 22h48 heure française ; Oleg Artemiev, Denis Matveïev et Sergueï Korsakov, tous trois effectuant leur première mission qui devrait durer jusqu'en septembre, ont ainsi rejoint l'équipage de la station dont l'effectif s'élève à dix. 

Dans le cadre d'une session politique annuelle se tenant à Pékin, Yang Liwei, pionner du spatial chinois et première taïkonaute à s'être rendu dans l'espace en 2003, a annoncé au début du mois que la Chine ouvrirait dans un futur proche sa station orbitale à des activités commerciales. "C'est une question de demande. Et cela pourra être réalisé d'ici une décennie si une telle demande se maintient" a t-il dit lors de la conférence. La CSS (Chinese Space Station) accueillerait donc t-elle réellement des touristes spatiaux ? Cela se pourrait bien, mais il faudra d'abord attendre que son assemblage s'achève, ce qui devrait être complété cette année.

Récolté par les Harrison Schmitt et Eugene Cernan en 1972 lors de la mission Apollo 17, un tube de prélèvement lunaire a été ouvert pour la première fois. Au Johnson Space Center basé à Houston, des scientifiques ont en effet descellé l'échantillon de roche, et par la même occasion vu et analysé. La division ARES a eu la rare occasion de manipuler, avec une minutie extrême, l'échantillon 73001 ; vous pouvez découvrir tous les détails relatives à cette opération sur ce post de la NASA. "Nous sommes les premiers à avoir eu l'occasion de voir en exclusivité ce régolithe. C'est juste ce qu'il y a de mieux au monde !", s'est exclamé l'une des chercheuses Juliane Gross ; "comme un enfant dans un magasin de bonbons, pas vrai ?"

© NASA 
Astra se remet de ses échecs avec un lancement réussi ! La Rocket 3.3, ou LV0009, s'est envolée le 15 mars (à 8h22 heure locale / 17h22 heure française) depuis le Pacific Spaceport Complex situé sur l'île de Kodiak, en Alaska. Le lanceur, haut de treize mètres, a bien effectué son ascension et a délivré sur une orbite de plus de 500 km d'altitude sa charge utile, avec succès. Le contenu de cette dernière n'est pas intégralement connue, mais il s'agit de satellites issus d'une collaboration avec trois clients ainsi qu'avec le partenaire Spaceflight. Les équipes d'Astra peuvent enfin souffler, leur précédent lancement datant du 10 février, qui s'était soldé par la non-séparation de la coiffe, n'est ainsi plus qu'un mauvais souvenir...

A la suite de l'arrêt de la collaboration entre Roscosmos et la compagnie britannique OneWeb, cette dernière semble s'être tirée d'affaire en ce qui concerne le lancement de ses satellites. SpaceX est devenu, son nouveau partenaire, et c'est à l'aide de la Falcon 9  que OneWeb compte à présent parachever la mise en orbite de sa flotte, en ce moment-même au nombre de 428 appareils. "Nous remercions SpaceX pour son soutien, qui reflète notre vision commune du potentiel sans limites du secteur spatial" a proclamé le directeur Neil Masterson le 21 mars.

Mark Vande Hei vient de battre, en ce mardi 15 mars, un record hors du commun ! En effet, à 17h24 GMT+1 aujourd'hui, il est officiellement devenu l'américain ayant passé le plus de temps dans l'espace. Séjournant sur l'ISS depuis maintenant plus de onze mois, il a donc détrôné l'ancien détenteur du record, Scott Kelly. Le compteur de Mark s'élève actuellement à plus 340 jours, l'astronaute devrait normalement rentrer sur Terre d'ici peu de temps à bord d'un Soyouz.





  



J'espère que cette Actu vous aura plu ! Sur ce, je vous dis à bientôt pour de nouvelles découvertes, portez-vous bien ! 🚀

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