DE NOUVEAUX VENUS A BORD DE L'ISS - L'Actu Spatiale #30, du 14 novembre 2021

        






BONJOUR LES COSMONAUTES !



Voici le résumé de l'actualité spatiale des dernières semaines écoulées, tant relatifs aux vols qu'aux lancements ou bien aux dernières découvertes, dans un tout nouveau format ! Sur ce, c'est parti !



Départ de Crew-2 et arrivée de Crew-3
Le nouvel équipage au grand complet © NASA TV

Il y a récemment eu de l'activité sur la station spatiale internationale ! Et pour cause, le départ des quatre membres de Crew-2 de l'ISS, suivi deux jours plus tard de l'arrivée de Crew-3 venant la remplacer. Troisième mission opérationnelle de la Crew Dragon à avoir été lancée vers l'orbite, Crew-2 comprend quatre membres : Shane Kimbrough, Thomas Pesquet, Megan McArthur et Akihiko Hoshide,  soient deux américains, un français et un japonais, qui sont arrivés le 23 avril dernier. Ceux-ci ont effectué jusqu'au bout leur séjour de six mois, notre spationaute français favori quand à lui a rempli avec brio toutes les cases que lui indiquaient les tâches de la mission Alpha. Ce dernier a même eu l'immense honneur de devenir début octobre le titre de commandant de la station. Malheureusement toute bonne chose à une fin, et nos quatre amis furent contraints de prendre le chemin du retour le lundi 8 novembre. Les astronautes sont donc rentrés dans leur capsule Endeavour, ses portes se sont refermées à 18h13 et Dragon s'est désamarré à 20h05 de l'ISS. Le vaisseau a exceptionnellement réalisé une manœuvre de rotation autour de la station ayant duré plus d'une heure, durant laquelle de nombreuses photos de l'extérieur de la structure ont pu être prises, les capteurs sensoriels de la capsules ont été mises à l'épreuve. Fait anecdotique : les toilettes de la capsule n'ont pas fonctionné de tout le trajet ! Dragon étant arrivé sans encombres sur Terre, l'ISS était à présent habité par seulement trois personnes, rejoints par quatre nouveaux arrivants, ceux de la mission Crew-3, à minuit et 32 minutes passées le jeudi 11 octobre. Partis de Cap Canaveral 22 heures plus tôt, ce avec plus d'une semaine de retard sur la date de lancement initiale, les américains Raja Chari, Kayla Barron, Tom Marshburn, et l'allemand Matthias Maurer (tous des "rookies" mis à part le troisième) ont intégré l'équipage de la station, lui-même constitué des russes Pyotr Dubrov et Anton Schklaperov ainsi que de l'américain Mark Vande Hei. Les nouveaux venus resteront dans l'espace jusqu'au printemps prochain, tandis que Thomas Pesquet, lui, rêve déjà de repartir, peut-être vers la Lune...


Endeavour s'éloignant de la station © NASA TV

Le trou noir au coeur de la galaxie M87 rejetterait de la matière à une vitesse proche de celle de la lumière

Si vous êtes familiers avec l'actualité scientifique, vous n'êtes sûrement pas passés à côté de l'exploit réalisé en 2019 par la collaboration Event Horizon Telescope, qui a pour la première fois photographié un trou noir. Ce dernier se trouvait au centre de la galaxie Messier 87, à 55 millions d'années-lumière de nous, et possédait une masse plus de six milliards de fois supérieure à celle de notre Soleil. En plus d'avoir été observé directement, il s'avère que ce trou noir supermassif, depuis son disque d'accrétion, émet avec une force phénoménale un jet de plasma très énergétique expulsé à une vitesse proche de celle de la lumière, ce sur une distance de 6000 années-lumière. Dans le but de mieux comprendre ce phénomène, des chercheurs de l'Université Goethe de Francfort, en collaboration avec d'autres pays, ont modélisé cette situation à l'aide de simulations en trois dimensions, crées sur des ordinateurs extrêmement puissants, tout en y incluant les données qu'ils possédaient déjà. En comparant la trajectoire calculée des particules dans le jet avec les observations astronomiques, les scientifiques ont pu constater que les deux coïncidaient parfaitement. "Notre modèle théorique de l'émission électromagnétique ainsi que du jet de M87 correspond étonnamment bien avec les observations dans les spectres radios, optiques et infrarouges", nous dit
© A. Cruz-Osorio, Université Goethe de Francfort
 dans un article 
le docteur Alejandro Cruz-Osorio, principal auteur de l'étude, "ce qui nous indique que le trou noir serait en rotation à grande vitesse et que le plasma contenu dans le jet est fortement magnétisé". Les trous noirs supermassifs, régions de l'espace où la force gravitationnelle est si forte en un point précis nommé la singularité que rien ne peut en échapper, sont encore mal compris sur bien des aspects, et cette recherche permet de mieux se figurer le fonctionnement de ceux-ci, et notamment sur le point de la stabilité et de l'énergie du jet. Il se trouve également que cette étude, publiée le 4 novembre dans la Revue Nature Astronomy, confirmerait une fois de plus les prédictions de la théorie de la relativité générale.

Face à la justice, Blue Origin perd le procès au contrat lunaire

L'affaire avait provoqué des émules chez Blue Origin. En avril dernier, la NASA, dans le cadre de la recherche d'un partenaire dans le développement du Human Landing System, nécessaire pour le retour d'humains sur la Lune, avait parmi trois candidats jeté son dévolu sur SpaceX et son vaisseau Starship. Une décision qui n'avait pas forcément fait l'unanimité, Blue Origin et Dynetics déposant rapidement une plainte au Government Accountability Office. Selon eux, et en particulier du point de vue Jeff Bezos, l'agence américaine n'aurait pas respecté lors de son choix les engagements qu'elle aurait pris, à savoir sélectionner deux compagnies privées. Un argument soi-disant caduque, qui fut rejeté fin-juin. Bezos ne l'entendant pas de cette oreille, il décida de s'adresser directement, en août, à une cour de justice fédérale afin de se faire entendre. Ce procès, qui ralentit considérablement le projet, prit donc une nouvelle tournure ; en effet, dans un document publié le 4 novembre, le juge Richard A. Hertling rejeta la demande de Blue Origin. Cette bataille judiciaire ayant mené à une défaite pour Jeff Bezos, ce dernier s'est exprimé à ce sujet sur Twitter : "Ce n'était pas la décision que nous voulions, nous respectons cependant la décision de la cour et souhaitons beaucoup de succès à SpaceX et la NASA". L'agence américaine a également confirmé dans un communiqué que la collaboration avec l'entreprise d'Elon Musk reprendra son cours normal, mais que "des opportunités futures de partenariats dans le cadre de l'établissement d'une présence humaine à long terme sur la Lune [...] verront le jour" ; ainsi, Blue Origin sera certainement amené à être sélectionné pour d'autres tâches du programme Artemis l'année prochaine. Comme l'on peut s'en douter, SpaceX est plus que ravi : Elon Musk ayant même, dans un trait d'humour lui appartenant bien, réagi au tweet d'un journaliste avec un plan du film Dredd qui dit "You have been judged".

© SpaceX

Une nouvelle échelle afin de confirmer l'existence de la vie extraterrestre

Sommes-nous seuls dans l'Univers ? Cette question, l'homme se la pose depuis l'aube des temps, et il ne fut jamais aussi proche qu'il est actuellement d'y apporter une réponse. Et bien qu'une rencontre d'un troisième type intelligent serait enthousiasmant, il est plus réaliste de penser que si détection de vie il y a, celle-ci serait microbienne. Cependant, au risque d'en décevoir certains, la découverte d'une vie extraterrestre ne doit pas simplement être constatée, mais également vérifiée et démontrée. De la même manière que les ingénieurs utilisent des systèmes spécifiques afin de vérifier la maturité technologiques des composants de missions spatiales, une nouvelle échelle, cette fois-ci dédiée à la confirmation de la vie en dehors de la Terre, vient d'être mise au point par une équipe de scientifiques de la NASA. Publiée fin-octobre dans la revue Nature, l'article en question présente donc l'échelle CoLD, ou Confidence of Life Detection, qui constitue selon Mary Voytek, cheffe du programme d'astrobiologie de l'agence américaine, "un meilleur moyen de partager l'excitation engendrée par [ces] découvertes et de montrer la manière dont l'une d'entre elles engendre la suivante" . Ce dernier se base sur sept étapes, qui devront être franchies et contextualisées, afin d'arriver à une annonce fondée scientifiquement. Visualisons le déroulement de ces étapes : la première correspond à la découverte d'un signal, d'une biosignature laissant à penser qu'elle serait issue d'une activité biologique ; la deuxième à la compatibilité de l'environnement, et la recherche d'une potentielle trace de contamination terrestre ; la troisième prédit l'origine du signal, et ainsi de suite jusqu'aux derniers niveaux qui exigent un checking ultime, ce grâce à plusieurs instruments dispersés partout dans le monde. Et ce n'est qu'à ce moment-là, après l'aval unanime de la communauté scientifique, que l'on pourra véritablement affirmer la découverte d'une vie extraterrestre. Tout ce processus reste certes complexe et long à mettre à place, "la recherche de la vie hors de la Terre [requiert beaucoup de ressources ", mais "ensemble, nous pouvons être plus forts dans nos efforts de recherches d'indices montrant que nous ne sommes pas seuls", peut-on lire sur le communiqué de la NASA.



Les Brèves Spatiales 

Pour finir cette Actu, quelques petites Brèves Spatiales qui méritent bien d'être mentionnées !



L'un des compagnons de William Shatner ayant volé avec lui dans le cadre d'un vol de la New Shepard le mois dernier, Glen de Vries, est mort tragiquement le jeudi 11 novembre, dans le New Jersey. Il s'est en effet crashé en avion, un Cessna 172, dans un bois alors qu'il se rendait accompagné à l'aéroport du Sussex, âgé de 49 ans. Il avait notamment co-fondé la plateforme de recherches cliniques Medidata, et travaillait chez Dassault Systèmes. Il était connu de son vivant pour sa générosité et sa passion de l'aéronautique.

© SpaceX
À Boca Chica, le Starship SN20 fut l'objet d'un tir statique ce vendredi 12 novembre. Ayant duré quelques minutes, l'objectif était de vérifier le bon fonctionnement des six moteurs Raptor du vaisseau, dont trois sont spécialisés pour fonctionner au niveau de la mer et les trois autres dans l'espace. C'est grâce au SN20 que SpaceX compte bien effectuer son premier vol orbital en compagnie du booster Super Heavy, d'ici plusieurs semaines ou mois.

C'est confirmé, nous ne marcherons pas sur la Lune avant 2024, a déclaré dans une conférence de presse mardi 9 novembre l'administrateur de la NASA Bill Nelson. Il a officiellement annoncé que le délai imposé sous le mandat Trump, à savoir 2024, ne pouvait plus être respecté, compte tenu du manque de budget alloué par le Congrès, le retard pris dans le contrat du HLS à cause du procès de Blue Origin ainsi que celui dans le développement des combinaisons des astronautes. Le programme s'en retrouve ainsi légèrement modifié : Artemis 1 est toujours planifié pour 2022, alors qu'Artemis 2 ne le serait pas avant mai 2024 et le retour l'année prochaine, si toute fois les essais sur le Starship s'avèrent concluants.

L'équipage de Crew-2 a amerri dans le golfe du Mexique, mardi 9 novembre, le matin à 4h33 heure française (22h33 heure locale la veille), au sud de la commune de Pensacola. Celui-ci, ayant quitté l'ISS à bord de la capsule Crew Dragon Endeavour quelques heures plus tôt, était constitué des américains Shane Kimbrough et Megan McArthur, du japonais Akihiko Hoshide ainsi que du français Thomas Pesquet. Plusieurs bateaux de la compagnie SpaceX sont immédiatement arrivés sur les lieux et ont extrait Dragon des eaux. Après un examen médical, trois des astronautes sont repartis vers Houston tandis que Thomas s'est vu rapatrié jusqu'en Europe, au centre de Cologne, afin d'entamer sa période de réadaptation et de poursuivre des tests ultérieurs !





  



Cette Actu Spatiale est terminée, je vous dis à bientôt pour de nouvelles découvertes ! Portez-vous bien ! 🚀

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