UN LONG-MÉTRAGE TOURNÉ À BORD DE L'ISS - L'ACTU SPATIALE #29, du 10 Octobre 2021

      






HELLO LES TERRIENS !



Voici le résumé de l'actualité spatiale des dernières semaines écoulées, tant relatifs aux vols qu'aux lancements ou bien aux dernières découvertes, dans un tout nouveau format ! Sur ce, c'est parti !



Un long-métrage tourné à bord de l'ISS

© Roscosmos
Le mardi 8 octobre, vers 14h heure française, la capsule Soyouz MS-19 s'amarrait à la station spatiale internationale, à peine quatre heures après son décollage au sommet d'une fusée Soyouz, depuis le cosmodrome de Baïkonour. À son bord, l'équipage était composé de trois personnes, à savoir Yulia Peresild, Klim Shipenko ainsi qu'Anton Shkaplerov. Sa particularité réside dans le fait que seul le dernier est cosmonaute ; en effet, Yulia est actrice tandis que le deuxième est réalisateur. Et pour cause, les deux ont voyagé dans l'espace afin de mener une tâche bien spécifique : tourner les scènes d'un court-métrage, intitulé "The Challenge". Peresild y incarnerait ainsi le rôle d'une médecin, envoyée depuis la Terre afin de soigner un astronaute, victime d'un arrêt cardiaque des suites d'une sortie spatiale, interprété par le cosmonaute Oleg Novitski. Pyotr Dubrov et Shkaplerov y feraient également des apparitions. L'action se déroule dans le segment russe de l'ISS, mais certaines scènes auraient lieu dans la Cupola. Yulia et Shipenko avaient par ailleurs eux-mêmes filmer une séquence lors de l'arrivée du Soyouz, dont l'arrimage avait du se faire manuellement suite à un problème de communications. Le directeur de l'agence russe Roscosmos Dmitri Rogozin avait par radio blagué sur ce point, disant que "c'était un peu dramatique vers la fin afin que votre film le soit plus".  Les membres de cette mission ont reçu un accueil chaleureux de la part des occupants de la station, qui avaient organisé une modeste cérémonie de bienvenue. Yulia et Klim dirent avoir, durant le trajet, apprécié les levers et couchers de soleil ; la première s'exprima en ces termes : "J'ai toujours l'impression que tout cela est un rêve, et que je suis toujours endormie", le second rétorquant : "Oui, c'est presque impossible de réaliser que tout cela est devenu réalité". Peresild eut aussi l'occasion de parler avec Valentina Terechkova, la première femme à être allée dans l'espace en 1963. Le séjour de Peresild et Shipenko à bord de l'ISS durera douze jours, les deux civils rentreront sur Terre le 17 octobre en compagnie d'Oleg Novistki, engendrant une rallonge de la mission des deux compagnons de ce dernier, ce qui fait que Pyotr Dubrov et Mark Vande Hei resteront encore jusqu'en avril prochain avec Shkaplerov. Plus qu'une tentative de relance de l'industrie spatiale nationale, les autorités russes espèrent de cette manière redorer leur prestige et couper l'herbe sous les pieds des occidentaux dans le domaine du tourisme à destination de la station.


© NASA TV


Bouclier thermique et anti-vent protégeant 
l'instrument SEIS 
© NASA / JPL-Caltech
Mars tremble, InSight a détecté les séismes les plus puissants de sa mission

Cet épisode de l'Actu Spatiale étant quelque peu consacré à la Planète Rouge, intéressons-nous à la sonde InSight de la NASA, arrivé sur Mars en novembre 2018. Celui-ci transporte deux instruments scientifiques, à savoir le détecteur de chaleur HP3 ainsi que le sismomètre SEIS (Seismic Experiment for Interior Structures), qui nous permettent de nous en apprendre plus sur la structure interne de la planète. A l'occasion de son millième jour passé sur la planète (en parlant bien de jours solaires martiens ou sols, équivalant à 24h et 37min), la sonde a relevé une immense secousse de magnitude 4.2 sur l'échelle de Richter, ayant duré une heure et demi. De fait, deux autres séismes similaires de magnitude 4.2 et 4.1 furent aussi détectés un mois plus tôt, le 25 août. L'épisode le plus récent est encore en cours d'analyse, mais nous avons cependant plus d'informations sur les deux autres : de fait, celle possédant la magnitude de 4.1 était composée d'ondes à basse fréquence et provenait d'un épicentre situé à 625 kilomètres de distance, alors que la deuxième secousse s'était propagé grâce à des ondes haute fréquence et semblait beaucoup plus lointaine, éloignée de 8500 kilomètres ; deux évènements bien distincts mais s'étant déroulés dans la même journée. Finalement, ces trois séismes se sont avérés être les plus puissants jamais enregistrés, jusqu'à cinq fois plus importants que le dernier en date possédant ce même record, datant de 2019. Ce ne sont pas les seuls, puisqu'InSight en a relevé des centaines de diverses natures, souvent de nuit, quand le bruit du vent est assez faible pour que de tels phénomènes soient détectables. Cette découverte est une très bonne nouvelle pour les chercheurs, disposant à présent de nouvelles données afin de déterminer plus en détail la composition interne de Mars, d'autant plus que la sonde était dans une phase critique, où son énergie devenait insuffisante, la faute notamment à la poussière encrassant les panneaux solaires. L'équipe de la mission a su régler ce problème majeur en utilisant une méthode d'apparence contre-intuitive, à savoir déposer du sable à l'aide du bras robotique sur l'un des panneaux, en espérant que le vent l'emporterait avec certaines poussières. Ce moyen ingénieux a donc permis de sauver la mission, mais nous aurions cependant laissé passer d'autres curiosités. "Si nous n'avions pas agi plus tôt cette année et ce plus rapidement, nous aurions bien pu manquer des évènements de grand intérêt. Même après plus de deux ans, Mars semble nous avoir donné quelque chose de nouveau avec ces deux secousses, qui présentent des caractéristiques uniques", déclara Bruce Banerdt du JPL, chef de la mission. Une preuve de plus que Mars nous réserve encore bien ses surprises...

Ce système, formé de trois étoiles, abriterait-il une exoplanète ?

Vue d'artiste des trois anneaux du disque, une exoplanète
se situerait certainement dans le disque intérieur 
© ESO /
L. Calçada
Bien que notre système solaire ne comporte qu'une étoile, le Soleil, bon nombre de ceux présents dans notre galaxie en possèdent deux voire trois, à l'exemple de ce système situé en direction de la constellation d'Orion, à 1300 années-lumière de la Terre. GW Orionis comprend de fait trois étoiles, que nous nommerons A, B et C. A et B, de 2,5 et 1,4 masses solaires, forment un couple binaire, orbitant l'une autour de l'autre en 242 jours, tandis que C, refermant à peu près la même masse que B, beaucoup plus distant des deux autres, met 11 ans à effectuer une révolution autour des premières. Ces trois astres sont entourées d'un immense disque protoplanétaire, élément commun à tous les systèmes en cours de formation. Cependant, GW Orionis avait déjà été remarqué l'année dernière, pour sa configuration originale : en effet, son disque semble comporter trois anneaux de matière concentriques, celui le plus au centre étant incliné de 38° par rapport au plan du disque ! Bien que ces observations, rendues possibles grâce aux radiotélescopes, soient déjà très riches de découvertes, il s'est également avéré qu'un espace vide et moins dense était localisé au sein du disque. A ce sujet, une équipe de chercheurs a formulé deux hypothèses, selon lesquelles cette anomalie serait soit la conséquence de l'interaction gravitationnelle régnant entre les trois étoiles du système, soit le signe évident de la présence d'une exoplanète. En appliquant aux données dont on disposait des modèles concrets basés sur nos connaissances d'autres disques protoplanétaires, il apparaît que la deuxième théorie serait la plus plausible. Non seulement cet astre serait une géante gazeuse similaire à Jupiter qui pourrait même être accompagnée, mais cela va plus loin. En effet, si l'on venait à prouver l'existence de cette exoplanète, nous serions alors face à un exemple unique dans l'Univers entier, car ce serait la première fois que l'on aurait connaissance d'un tel astre dans un système solaire à trois étoiles.



Les Brèves Spatiales 

Pour finir cette Actu, quelques petites Brèves Spatiales qui méritent bien d'être mentionnées !



L'acteur William Shatner, prendra place le 12 octobre à l'intérieur d'une New Shepard de Blue Origin. Le canadien, âgé de 90 ans, connu pour avoir notamment incarné de 1966 à 1969 dans la série télévisée Star Trek le capitaine James Tiberius Kirk, s'est vu remettre l'un des quatre sièges de la mission NS-18, et battra par ailleurs le record du plus vieux homme à se rendre dans l'espace, détrônant Wally Funk. À l'approche du deuxième vol commercial de la société Jeff Bezos, William se dit certes excité, ayant déclaré sur Twitter : "Oui c'est vrai ; je vais être un homme-fusée !", mais ne cache pas son anxiété ; durant une convention s'étant tenu à New York le jeudi 7, il a déclaré au public : "J'ai peur. Je suis terrifié, je le sais ! Je suis le putain de capitaine Kirk, mais je suis terrifié !". Il voyagera avec trois autres passagers pendant une durée d'environ dix minutes.

La sonde BepiColombo vient de croiser pour la première fois Mercure le samedi 2 octobre. Constitué de deux orbiteurs euro-japonais de seize instruments, la mission fut lancée en 2018 et avait déjà croisé une fois, lors de ses orbites héliocentriques, la Terre et deux fois Vénus. Ces approches ont pour but de mieux propulser la sonde dans ses révolutions, grâce à la méthode de l'assistance gravitationnelle. Le récent survol de Mercure, s'étant déroulé au plus proche à 200 kilomètres d'altitude, ne sera pas le dernier, puisque six autres sont prévus avant 2025, date à laquelle BepiColombo étudiera la première planète tellurique de notre système solaire. 


Photographie en noir et blanc, résolution 1024x1024 pixels, prise  à plus de 2400 kilomètres de distance © ESA, BepiColombo

Une Atlas V 401 a décollé le 27 septembre depuis Vandenberg en Californie, au soir. Le lanceur fourni par l'United Launch System transportait notamment en charge utile la satellite Landsat 9, le dernier d'un programme américain ayant débuté en 1972. Il est en effet chargé, d'une altitude de 700 kilomètres, d'observer la surface terrestre ainsi que ses changements, qu'ils soient d'origine humaines ou naturelles. Capable de cartographier notre planète dans son intégralité en 17 jours, chacun des satellites du programme Landsat permet ou a permis une meilleure approche des phénomènes de transformations de la Terre, telles que la déforestation, les catastrophes, l'évolution des ressources ou encore l'expansion urbaine.

Virgin Galactic est de nouveau autorisé à reprendre ses vols suite à la demande de la Federal Aviation Administration de susprendre ses vols. On se souvient du voyage de Richard Branson le 11 juillet, qui s'était avéré être non-conforme aux normes de sécurité établies, à savoir que la trajectoire du SpaceShipTwo avait déviée de son espace aérien et que la compagnie n'aurait pas communiqué cette anomalie à la FAA. Le mandat d'enquête exigé par cette dernière s'est achevé, Virgin Galactic ne s'en est pas si mal sorti que cela, simplement avec un rappel à l'ordre sur la méthode de communication. 

Le James Webb Space Telescope gardera bel et bien son nom, malgré la controverse entourant le nom de l'instrument. En effet, certains considèrent que le nom de cet homme, second administrateur de la NASA de 1961 à 1968, serait indigne d'être porté par cet instrument, qui sera lancé depuis Kourou en décembre. La raison d'une telle polémique : le fait que James Webb ait selon ses détracteurs été à l'origine de politiques de discriminations et de persécution envers ses employés homosexuels et lesbiens durant les années 1950-1960, lorsqu'il travaillait au département d'état américain ainsi qu'au sein de l'agence spatiale. Le jeudi 30 septembre, une pétition en ligne avait recueilli 1200 signatures de scientifiques ou d'étudiants, visant à renommer le télescope à 10 milliards de dollars. "Nous, les futurs utilisateurs du télescope nouvelle-génération de la NASA qui allons disposer de son héritage, exigeons que soit donné à ce télescope un nom digne de ses incroyables découvertes", pouvait-on lire sur celui-ci. En réponse, l'agence avait promis d'ouvrir une enquête, qui ne s'est finalement pas avérée concluante, estimant cette action sans pertinence. 

© NASA TV
Thomas est devenu le nouveau commandant de la station spatiale internationale, à l'occasion d'une cérémonie organisé à bord. Le 4 octobre, le spationaute a reçu clés symboliques de l'ISS de la part de son collègue japonais Akihiko Hoshide, devenant le premier français dans l'histoire à occuper ce poste prestigieux. Jusqu'à la fin de la mission Proxima, il sera donc chargé de grandes responsabilités, car disposant naturellement d'un plus haut rang hiérarchique. En tant que commandant, il doit ainsi représenter la station et son équipage, être disposé à communiquer librement sur ses activités aux médias et sur les réseaux sociaux, se charger de la coordination ou encore être prêt à réagir vite et efficacement en cas d'accident ou de crise, car ce sera à lui qu'incombera la tâche de régler un conflit, de contrer un incendie ou fuite mais aussi d'évacuer tous les occupants de la station si la situation venait à être critique. Aucun doute que Thomas Pesquet exercera avec brio ses nouvelles fonctions !





  



Cette Actu Spatiale nouveau format est terminée, j'espère qu'elle vous aura plu ! 

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