LES MÉSAVENTURES DE BLUE ORIGIN - L'ACTU SPATIALE #25, du 22 Août 2021

   






BONJOUR LES TERRIENS !



Voici le résumé de l'actualité spatiale de la semaine écoulée, tant relatifs aux vols qu'aux lancements ou bien aux dernières découvertes ! Sur ce, c'est parti !



Les mésaventures de Blue Origin

Les affaires tournent mal pour Blue Origin, son directeur Jeff Bezos, homme le plus riche du monde et fondateur d'Amazon, se montrant mauvais joueur et refusant obstinément d'avouer sa défaite. Un rappel des faits s'impose : il y a quelques mois de cela, la NASA était à la recherche d'un partenaire qui développerait son Human Landing System en vue des missions habitées Artemis. L'agence américaine avait finalement jeté son dévolu sur SpaceX, avec son Starship. Sauf que ses deux concurrents, à savoir Blue Origin et Dynetics, ne l'entendèrent pas de cette oreille, en particulier le premier, Bezos étant frustré de s'être fait voler la place par Elon Musk. En mai, il conteste la décision de la NASA en déposant une plainte au Governement Accountability Office, une haute instance judiciaire américaine, qui met en place une enquête, aboutissant au refus du GAO de donner raison à la plainte. Jeff Bezos ne se laisse toujours pas faire, et va jusqu'à publier des infographies, où il est expliqué pourquoi le système de Blue Origin serait plus fiable et sécurisé que celui de SpaceX. Face à l'échec de la première procédure, Bezos en ouvre une deuxième, cette fois-ci à la Cour des Revendications Fédérales, et dénonce ardemment les failles du contrat et les choix injustes de l'agence spatiale. De plus, il s'est produit ces quelques jours une vague de départs chez Blue Origin : plus d'une dizaine d'employés haut placés ont quitté la société afin d'aller pour la plupart chez les concurrents. Pour exemple, le principal ingénieur responsable du HLS Nitin Arora est passé à l'ennemi, intégrant l'équipe d'Elon Musk ou encore Jeff Ashby, ancien astronaute et l'un des directeurs du programme du New Shepard. Jeff Bezos se retrouve aculé, mais ne cède pourtant pas !




Comment les anneaux de Saturne nous en apprennent plus sur la composition de la géante gazeuse

Dans un article publié dans la célèbre revue Science, deux chercheurs de Caltech remettent en cause nos modèles établis sur la constitution de la géante gazeuse Saturne. En effet, nous n'avions jamais eu d'idée précise de son intérieur, cependant nous pensions que ces planètes sans surfaces possédaient un cœur lourd et solide, autour duquel s'étaient agglutinées au fil du temps de la matière ainsi qu'une atmosphère gazeuse. Dans cette nouvelle étude, Jim Fuller, professeur-adjoint en astrophysique et son post-doctorant Christopher Mankovich, planétologue, se sont appuyés sur des données provenant de la sonde Cassini, ayant orbité autour de Saturne entre 2004 et 2007, concernant l'un de ses anneaux. De fait, celui-ci subit des ondulations, qui ne peuvent pas être expliqués par l'interaction gravitationnelle des lunes mais par celle de la planète elle-même ; en outre, ces ondulations sont explicables par un phénomène se produisant au centre de la planète. Jim Fuller précise : "nous avons utilisé les anneaux de Saturne comme un sismographe géant afin de mesurer les oscillations à l'intérieur de la planète. Nous avons pour la première fois sondé sismologiquement la structure d'une géante gazeuse, et les résultats furent assez surprenants". En concluant que les mouvements au sein de Saturne avaient un impact sur sa surface et ses anneaux, les deux scientifiques déterminèrent que le cœur remplissait 60% du diamètre de la planète, pour une masse de 55 fois celle de la Terre. Sa constitution est de plus rétablie : il est composé de plusieurs matériaux de densités diverses, semble boueux et diffus, mais cependant stable, "une fraction de la glace et la roche augmentant graduellement à mesure que l'on s'enfonce vers le centre de la planète" selon Mankovich. Une découverte insolite sur cette planète si particulière, qui nous inciterait sûrement à réviser nos acquis sur sa formation et son évolution.

Les chinois performent une seconde sortie spatiale

Une actualité venant de la nouvelle station chinoise : vendredi 20 août, deux des trois taïkonautes de la mission Shenzhou 12 ont réalisé une sortie extra-véhiculaire à l'extérieur de l'unique module Tianhe. Liu Boming et Nie Haischeng sont sortis en fin de matinée tandis que Tang Hongbo est resté à l'intérieur les assister. Durant cette sortie de quatre heures, Liu et Nie ont installé divers équipements autour de la station Tiangong ("palais céleste" en mandarin), ce à l'aide du bras robotique au bout duquel ils furent transportés. Parmi les tâches effectuées, la mise en place d'un système de contrôle du pompage thermique et d'un support pour la caméra panoramique de la station. Les deux taïkonautes sont rentrés en avance sur leur emploi du temps, sans encombres. C'était la deuxième sortie de l'année, et la dernière pour cette équipage qui devrait rentrer à la mi-septembre sur Terre. Cette opération fait partie d'une longue série visant à construire la Chinese Space Station d'ici l'année prochaine. J'en profite pour avertir qu'un article sur le Journal de l'Espace est actuellement en préparation, portant sur ce thème !

Des étoiles rebelles au sein de la Voie Lactée

En se basant sur des observations des télescopes spatiaux Spitzer américain et Gaïa européen, des astronomes du Jet Propulsion Laboratory ont identifié une singulière agglomération d'étoiles au sein de notre galaxie. Décrite comme "une écharde sortant d'une planche de bois", celle-ci interpelle les chercheurs. Composée de quelques milliers d'étoiles et de quatre nébuleuse déjà connues (à savoir Oméga, Trifide, l'Aigle et la Lagune), elle fait partie intégrante du bras du Sagittaire, voisin au nôtre Orion, possède la même vélocité et se dirige similairement, mais se démarque par son "angle de tangage". Michael Kuhn, astrophysicien de Caltech et principal rédacteur de l'étude, nous en dit plus : "c'est une propriété clé des bras en spirale qui définit de quelle manière elles tournent autour d'une galaxie. Alors que celui d'un cercle mesure 0°, sa valeur deviendra plus importante à mesure que le bras s'ouvre. Le bras du Sagittaire semble posséder selon nos modèles un angle de tangage équivalant 12° environ, alors que celui de la récente structure atteint les 60°". Ce petit élément insolite peut en apprendre plus aux chercheurs sur la Voile Lactée en général, l'incertitude que représente cette fameuse écharde pouvant nous permettre d'éclairer certaines incertitudes.

Nouveau lancement pour le Soyouz

Depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, un Soyouz 2.1b a décollé le 21 août, dans le cadre de la mission OneWeb 9. En collaboration avec Arianespace et Roscosmos, cette compagnie londonienne compte fournir aux régions terrestres boréales et donc dans les régions nordiques (Canada, Island, Groenland...) un meilleur accès à Internet grâce à une constellations de satellites de télécommunication. Aujourd'hui, 288 de ces satellites, d'une masse d'une centaine de kilogrammes chacun, tournent en orbite basse autour de notre planète, et OneWeb compte en posséder plus de 600 dans un futur proche. Le lancement était à la base prévu deux jours plus tôt, cependant il fut préférable de le repousser pour des raisons techniques. Les 34 satellites fabriqués en Floride lancés ont bien atteint l'orbite, leurs altitude sera réajustée aux 1200 kilomètres.





  



C'était l'Actu Spatiale de la semaine, à bientôt pour de nouvelles découvertes ! Portez-vous bien ! 🚀

Crédits photographiques : Blue Origin / Caltech / Getty Images

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