LA STATION SPATIALE INTERNATIONALE (ISS), une coopération en orbite

  





BONJOUR LES TERRIENS !



Depuis vingt ans, l'International Space Station, ou Station Spatiale Internationale, accueille en permanence des équipages d'astronautes à son bord. Fruit d'une collaboration indéfectible entre les plus grandes agences spatiales, comptant seize modules pressurisés tournant autour de la Terre à 400 kilomètres d'altitude, ce à une vitesse de 27 000 km/h, elle est la descendante des premières stations habitées (Mir, Saliout, etc) et héberge une vingtaine de nationalités. Mais que savons-nous vraiment de la plus singulière structure de tous les temps ? Qu'y fait-on, à quoi sert-elle, quelle est son histoire ? Aujourd'hui, cap sur la nouvelle maison de Thomas Pesquet...  



Un projet de grande envergure

La station pleinement assemblée en 2011
Au lendemain de la guerre froide, les Etats-Unis recherchent des partenaires afin de bâtir ensemble une station en orbite basse. Jusqu'à cette époque, chaque nation avait eu des idées indépendantes de stations spatiales nationales, les deux géants dans ce domaine étant les américains (on se souviendra notamment de Skylab) et l'URSS (avec Saliout et Mir). Les agences spatiales américaine (NASA), européenne (ESA), russe (Roscosmos), canadienne (CSA) et japonaise (JAXA) décident d'entreprendre ce projet, une quinzaine de pays en tout participeront à l'aventure

La construction de la station commence en 1998 avec le lancement du premier module, Zarya (20 Novembre 1998), suivi peu après de Unity (6 Décembre). Lorsque l'appareillage de Zvesda a lieu (25 Juillet 2000), la station est prête à recevoir ses premiers équipages : l'Expédition 1, composée de William Shepherd, Sergei Krikalev et Youri Gidzenko, arrive sur l'ISS en Novembre 2000. La station sera à présent constamment habitée par au moins trois astronautes, à majorité américano-russe. Son élargissement a pris du retard, conséquence du choix de la NASA d'arrêter prochainement les vols avec navettes spatiales. En 2011, les 16 modules de l'ISS sont assemblés, formant un complexe de plus de 400 tonnes.

Ce projet ayant coûté au total 100 à 150 milliards de dollars reflète excellement l'esprit de coopération instauré entre les différents partenaires ainsi que de volonté de mise en commun des intérêts scientifiques. 

L'intérieur du laboratoire européen Columbus
Petite visite du propriétaire

Grande comme un terrain de football, les dimensions de l'ISS sont de 110 mètres de long pour 74 mètres de large. Elle est placée sur une orbite basse d'environ 400 km d'altitude (cette valeur pouvant être variable et étant régulièrement corrigée) sur une inclinaison de 51° qui permet de voler au dessus de la plupart des zones habitées terrestres. La structure de l'ISS est composées de modules pressurisés (habitables et blindés), dépressurisés, de sas d'amarrages, d'espace de stockage, d'équipements de maintenance. Son volume pressurisé est de 916 m³ au total.

Elle est depuis vingt ans constamment habitée par des astronautes, généralement au nombre de six à sept. Depuis vingt ans elle évolue en orbite basse terrestre (400 kilomètres d'altitude) à une vitesse de  27 000 km/h sans interruptions, cependant ses équipements se font vieillissantes et ceux-ci doivent être régulièrement changés ou modifiés. Du fait de sa vitesse de révolution, l'ISS fait le tour de la Terre en 1h30, soit 16 fois par jour, ce qui veut dire que l'ISS admire chaque jour 16 levers et 16 couchers de soleil....

 

L'ensemble de l'ISS désassemblée ; à l'avant se trouvent les laboratoires européens et japonais ; derrière la section américaine et à l'arrière la partie russe. En dehors des modules pressurisés se trouvent les capsules de ravitaillement, le bras robotique canadien et deux groupes quatre paires de panneaux solaires chacun aux extrémités de la poutre longitudinale

Quel intérêt à l'ISS ?

L'astronaute italienne Samantha Cristoforetti
photographiant dans la Cupola
Bien que l'existence de l'ISS soit largement médiatisée et connue du grand public, une partie reste sceptique quand à l'utilité de cette station. De même, certains détracteurs se poseront des questions quand au coût, à l'intérêt des activités de l'ISS ou encore à "Pourquoi Thomas Pesquet poste t-il tant sur Instagram alors qu'il est censé être astronaute ?". Ces interrogations, on peut y répondre facilement, ce avec quelques réponses pas forcément évidentes mais qui tombent sous le sens :
    

    1) L'homme est originaire de la Terre, cependant il faudra (et il faut à l'heure actuelle) songer à son avenir, qui se déroulera de fait dans l'espace. La colonisation, le voyage interstellaire sont une perspective alléchante, qu'il faut programmer à l'avance ; or quoi de mieux que de longs séjours dans l'espace afin de se rendre compte des effets d'un voyage spatial sur le corps humain, et d'améliorer dans ce cadre les conditions de vie des astronautes ? Ces derniers font de parfaits cobayes, car ils subissent ce que devront endurer les voyageurs spatiaux de demain : rayonnements cosmiques, radiations, impesanteur et par conséquent atrophie des muscles, ostéoporose, santé mentale, etc.

    2) Comme précisé plus tôt, sur la station nous ne sommes plus soumis à la force de
pesanteur, qui sur Terre nous cloue continuellement au sol. L'impesanteur règne en maître dans l'ISS, qui n'est pas seulement un avant-poste orbital en vue de prochaines missions habitées vers la Lune ou Mars, mais également un laboratoire orbital. En effet, le cadre qu'offre cet environnement est très favorable à l'observation de phénomènes qu'on ne pourrait voir que rarement voir sur Terre. Ainsi, des centaines d'expériences sont basées sur l'étude du comportement de la matière, des organismes biologiques, des espèces chimiques... qui permettent d'aboutir à des résultats inédits.

Le Soyouz MS-03 amarré à l'ISS
    3) Dans la continuité de cette ambition de recherche scientifique, les expériences menées sur l'ISS ont des répercussions directes sur Terre, dans le domaine de la santé, de l'industrie, de la robotique, etc. De nombreux champs d'études sont mis à profit par les expériences de l'ISS, tels que la cancérologie, l'ostéologie, la physique des fluides, des matériaux, la biologie, la météorologie, l’astronomie, la chirurgie, la psychologie, l’ingénierie entre autres. 

On peut rajouter à cela le point de vue exceptionnel sur notre planète, le "coup de boost" apporté à l'économie spatiale, le symbolisme même d’avoir en permanence des hommes en orbite. L'ISS n'a dès lors pas été construite pour faire joli dans le ciel, mais dans l'objectif de subséquemment contribuer à la présence humaine dans l'espace, mais aussi sur Terre ! 

Le quotidien chargé de ses occupants

La station est en permanence habitée par des astronautes de toutes nationalités (majoritairement russes ou américains), qui cohabitent ensemble pour une durée de six mois environ. Du fait du petit espace qu’ils occupent (à peine 400 mètres cubes dans des modules étroits et encombrés), les occupants de l’ISS vivent en promiscuité, ce qui accentue l’esprit d’équipe et le sentiment de camaraderie.

Pour arriver à bord de la station, ils peuvent emprunter deux capsules différentes : le Soyouz, très fiable et pratique, à la technologie quelque peu vétuste, et le Crew Dragon, nouveau bijou de SpaceX, moderne et palliant à l’absence des navettes spatiales. La station est aussi ravitaillée à intervalles réguliers par des vaisseaux cargo (Progress russe, HTV japonais, ATV européen, Dragon et Cygnus américains) , qui apportent à l’équipage nourriture, effets personnels, vêtements et matériel. Lorsque l’un d’entre eux arrive à proximité de l’ISS, les astronautes le dirige vers un port d’amarrage à l’aide du bras robotique Canadarm 2. Sitôt délesté de sa cargaison, le vaisseau est renvoyé vers la Terre et brûle en descendant dans l’atmosphère avec les déchets de l’équipage.

Le Belge Frank de Winne à l'ouverture d'une expérience
de culture de laitue


Chacune des journées d’un astronaute est minutieusement chronométrée et planifiée par les équipes au sol, qui restent en contact et disponibles à tout moment. Son emploi du temps est partagé en une multitude de tâches, dont deux qui lui occupent le plus clair de son temps : la maintenance de l’ISS et de ses équipements, ainsi que les expériences scientifiques. A l’exception de ses heures de sommeils et de son quartier libre, l’astronaute travaille dur et assidument, alternant entre recherche, communication, communication avec la Terre, visioconférences, sport. Concernant ce dernier, il est primordial à la santé des astronautes ; 2h30 par jour d’activité physique sont nécessaires pour contrer les effets de la pesanteur (fonte des muscles, perte de masse osseuse,…), avec de la course sur tapis, du vélo elliptique et de la musculation. Rajoutons à ce planning déjà chargé les sorties extravéhiculaires (EVA) durant lesquelles on opère à l’extérieur de la station.

Quand aux besoins essentiels, leur satisfaction est là aussi quelque peu différente. La nourriture arrive en sachets, lyophilisée et comprimée (afin de supporter le trajet et de se conserver longtemps sans rendre malade l’équipage) ou en conserves. Elle est conçue dans le but de donner aux astronautes le meilleur apport nutritif possible. Ces aliments doivent également être agglutinés (manger un paquet de chips par exemple n’est pas envisageable, les miettes flottant librement et pouvant endommager le matériel ou bien les yeux de leur mangeur). Pour se laver, ce n’est pas la douche qu’il faut employer, mais un savon que l’on s’applique sur le corps. Et encore, ce n’est pas tous les jours, car on transpire moins en apesanteur. De même les dentifrices sont comestibles et on les avale après le lavage des dents ! 


L’ISS fut dès le départ construite pour être autonome ; l’ECLSS (Environmental Control and Life Support System) assure le bon maintien de la température, de la pression, de l’humidité, de l’alimentation, du recyclage de l’eau, de la transpiration et de l’urine, etc. Les panneaux solaires apportent de plus beaucoup d’énergie électrique qui permet à la station de fonctionner convenablement.

Thomas et la mission Alpha

Thomas courant sur son tapis
Dixième spationaute français, sélectionné en 2009, Thomas Pesquet avait déjà occupé l’ISS de Novembre 2016 à Juin 2017, lors de la mission Proxima. Dans le cadre de sa nouvelle mission nommée Alpha, Thomas est retourné cette année dans l’espace avec la Crew2 Dragon, en compagnie de trois autres astronautes. Dès son arrivée le 24 Avril sur l’ISS, il s’est remis au travail, pratiquant encore plus d’expériences et nous partageant encore plus de ses magnifiques clichés de la Terre.  

Son travail durant la mission Alpha sera aussi conséquent que lors de Proxima, et aussi riche en expériences scientifiques commandées par le CNES (Centre National d'Etudes Spatiales) et le CADMOS (Centre d'Aide au Développement des Activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales). En outre, il est chargé d'étudier le vieillissement des cellules nerveuses (Cerebral Ageing), le sommeil des astronautes (Dreams), le taux de radiations reçues par l'ISS (Lumina), la manipulation d'objets via les ultrasons (Telemaque), l'évolution d'un  blob (Blob) ou encore la pratique du sport alliée à la réalité virtuelle (Immersive Exercise). Cette douzaine d'expériences made in France qu'il mène serviront de base aux technologies qui seront utilisées dans un futur proche, sur Mars, sur la base orbitale lunaire Gateway...



La prochaine fois qu'il vous arrivera de pointer le nez dehors par une nuit claire et de scruter les étoiles, regardez-bien et si vous êtes chanceux, vous aurez l'opportunité de voir un point blanc scintillant traverser d'un bout à l'autre le ciel en à peine quelques instants... Si cela arrive, pensez-bien que ce point-là, l'ISS, est au dessus de nos têtes depuis vingt ans à présent et que des hommes et des femmes y vivent, y travaillent, y dorment... Cela représente tout de même un exploit, un chef-d'œuvre du savoir humain... Un point céleste parmi les points célestes, une station parmi les étoiles....

Pour en savoir plus...

Si cet article vous a plu et que vous êtes curieux, voici quelques ressources qui vous permettront d'aller plus loin dans votre connaissance de l'ISS :











Vous en avez découvert un peu plus sur l'ISS, là où notre cher Thomas a déjà passé trois mois ! Je vous dis à bientôt pour de nouvelles découvertes, et d'ici-là portez-vous bien !🚀

Crédits photographiques : NASA / NASA / NASA /  ESA, NASA / NASA / NASA / ESA

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